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Exercice de style : Mon amie

Caroline a 28 ans et vit dans la région de Brest depuis 3 ans. Elle écrit depuis son plus jeune âge pour « essayer de se comprendre »

Je t’ai connue jeune, préoccupée, à l’écoute, près de moi, tu m’as poussée dans mes retranchements.
Tu m’as fait vivre, accompagnée, tu étais presque toujours à mes côtés.

Tu as fait battre mon cœur mais tu l’as aussi brisé.
Tu étais toujours bien entourée, c’est pour cela aussi que tu as pu briller.

Je t’ai fais vivre et tu m’as appris à souffrir en silence, mais aussi à rester éveillée, alerte. Tu m’as appris à encaisser sans rendre les coups.

Je n’étais pas complétement seule, je t’ai parfois matérialisée, pour mieux te voir, pour vérifier si tu étais toujours là.

Présente sur tous les fronts, je te connais très bien. Dans les moments de vide, je t’ai cherché, tu étais mon refrain, mon repère.

Je sais que tu étais intéressée, que tu voulais juste exister, donc parfois je t’ai laissé être à ma place, je t’ai laissé contrôler mon esprit, mes émotions, mon corps, je n’avais plus rien à perdre puisqu’il n’y avait plus que toi.

Parfois tu partais, mais jamais complétement, j’avais fait exprès et j’ai laissé la porte ouverte. Mais, au fond, tu as eu toujours une place, nous étions pratiquement toujours ensemble, à tel point, que je n’ai pas vu tout de suite que tu n’étais plus là.

C’est quand je ne ressentais plus rien que tu m’as manqué. J’avoue qu’à des moments je t’ai totalement oubliée …

Je te demande pardon. Quand je te revois, j’ai l’impression d’avoir été ingrate envers toi, nous avons été solidaires ensembles, et je sais que tu as fait partie de moi désormais, tu as fait partie de moi et je te remercie.

Tu es mon passé, je te reverrai aussi dans le futur, tu ne peux pas partir définitivement, après tout, tu es universelle.

Je tiens juste à te dire que tu as été ma seule amie dans les moments difficiles, je te préfère au vide, je ne le supporte pas.

Reviens survivre avec moi quand il le faudra. Ta franchise et ton authenticité me manquent parfois. Je ne souhaite pas ton retour mais je sais que tu vas revenir.

Je vais t’accueillir, comme d’habitude, mais je ne te laisserai plus les rênes. Hé oui, tu m’as aussi rendue plus forte ainsi que d’autres que toi.

Je ne te crains pas, tu as été ma seule compagne quand les mondes se sont effondrés, je n’avais plus de choix mais je t’avais toi. Mon dernier sentiment, mes dernières forces, c’était toi.

Je ne supporte pas le vide, je préfère pleurer avec toi. Je n’étais pas encore morte.

Un fantôme qui a une émotion n’est pas complétement un fantôme.

Merci la douleur