Exercice de style : une usagère de l'ATA Stand'Arts
J'ai adhéré à l'Atelier Thérapeutique Artistique (ATA) Stand'Arts après mon séjour au service de psychiatrie de Ty Mad. Aujourd'hui je ne fais plus partie de l'association mais j'ai gardé de bons contacts avec les soignants qui l'animent.
Qu'est ce qui t'as fait adhérer à l'asso Stand'Arts ?
Je connais l'asso depuis plusieurs années par une adhérente qui me montrait ses sculptures. J'avais très envie d'y aller mais il fallait être suivi par un psychiatre de l'hôpital, ce qui n'est pas mon cas, car je fais une psychanalyse. 20 ans de vie comme ça, psychanalyse et ouvrière agricole saisonnière. Une vie un peu solo, suite logique d'une enfance solo. Psychanalyse, travail de fond. Je suis d'une grande famille, je vis en société, j'au besoin de chaleur humaine. Elle est là, à ma portée, mais je ne peux pas. Petit à petit ce besoin devient une nécessité vitale. Je quitte l'agriculture pour intégrer un travail "normal", avec des relations humaines qui tiennent sur du long terme. C'était en juin dernier (...). Je découvre que j'ai peur, et plus que je me l'étais imaginé du groupe ! J'ai peur des gens, j'ai peur de moi avec eux, mes réactions. La société est une jungle ! dont je n'ai pas les codes !!! Merci ma grande famille ! En décembre, j'ai vu l'exposition de Stand'Arts, j'ai pris une de leur carte et je les ait appelé. Nom de Dieu cette asso m'attirait ! J'ai franchi toutes les portes avec succès. Il m'a fallu justifier que mon parcours psychanalytique et non psychiatrique faisait de moi une "malade" qui avait sa place là. En vrai ça n'a pas été difficile. Je suis bien contente, j'ai vraiment besoin de prendre confiance en moi.
En général, à quoi ressemblent tes journées ?
Exercice de style ! Je ne peux pas répondre métro-boulot-dodo ! dommage ça aurait été plus simple ! Plus court mais moins passionnant à lire et à écrire.
Vaste question, vaste réponse ? qui aiguise mon imagination. Comment décrire une journée en général quand elles sont toutes différentes ! Michel Sardou vient à mon secours !
"Je me lève et je te bouscule, je suis en retard." Non c'est pas ça ma vie. Comment dire alors ? Je me lève, je bouscule mon chat, je ne suis pas en retard, j'ai pas assez dormi… les yeux me piquent. Comme j'ai un rendez-vous, soit chez le psychanalyste, soit à Stand'Arts ou dans un quelconque organisme social, je me prépare. Comme ce n'est pas très important, c'est pas du travail, j'y vais avec ma tête endormie. Tout va bien. Après je file à la plage ! faire cette chose stupide mais utile pour moi, ramasser des cailloux ! pour faire une belle allée devant ma maison. J'y reste 4h, 30kg et je trouve des trésors, mais ça je ne le dis pas. Une fois par semaine j'essaie de passer du temps avec une amie. C'est bizarre pour moi d'écrire ça. Amie je ne sais pas ce que c'est en vrai. C'est une dame qui a des difficultés, des problèmes avec ses enfants que je peux comprendre car je les ai vécu. Elle est gentille. Avec elle je me sens "bien" et elle dit qu'elle m'aime bien, ça me touche, j'accepte, ça ne fait pas un an qu'on se connaît. Une fois par mois, je m'oblige d'aller voir une de mes sœurs. C'est compliqué avec elle, alors on a mis le scrabble entre nous comme ça on ne doit pas se parler. Comme j'aime les mots, je m'amuse bien, je gagne, elle perd, elle est contente que je lui "foute une râclée", alors je suis triste, je crois qu'elle est folle et je sors vite de chez elle, contente de retrouver ma vie.
J'ai deux chiens que je promène deux fois par jour. Des fois je leur parle, des fois non, et ça me fait drôle d'entendre le son de ma voix. Y a des jours où je vais à la danse bretonne. Y a des jours où je vais au théâtre. Y a des samedis où je vais au fest noz. J'espère qu'à travers mes mots vous verrez à quoi ressemble une de mes journées en général, mon général !
Anecdote : Quand on me demande ce que je fais de mes journées vu que je ne travaille pas, je réponds : Je vis ! Vaste programme.
Avec quels outils tu travailles ?
Cette question a l'air vaste ! A l'ATA pour le dessin c'est crayons et pinceaux ; la radio c'est la bouche, la langue, la tête et le crayon.
Qu’est-ce qui a particulièrement attiré ton attention récemment ?
La mort de Bernard Pivot ! ça m'interpelle…
De quoi tu es la plus fière ?
Je n'ai pas de fierté. La vie est dure. Je ne sais pas ce que c'est la fierté. Ai-je été fière d'être la petite fille à son papa ? Sans doute, j'ai vite compris que c'était pas la bonne place. Alors fierté, je ne sais pas, par contre, je peux avoir, ressentir du content de dedans. Le content c'est énorme. Quand je le ressens, je dis "Yes !". Le content ne se partage pas et ne dure pas. C'est juste très bon.
La meilleure journée, c'est celle où je n'ai pas d'obligation sociale. Alors je me laisse porter par ce qui m'entoure… Un objet m'appelle, je m'occupe de lui… C'est difficile à expliquer !
À quels problèmes fais-tu face au quotidien ?
À ceux qui sont dans ma tête… et qui me nuisent dans ma vie.
Qu’est-ce que tu fais quand tout va mal ?
Rien, je prends, j'accepte, je pleure. Ce que je ne fais pas : rester seule parce que tout va mal. Je continue de voir des personnes même si je ne leur parle pas de ce qui ne va pas. Leur compagnie m'aère par rapport à mes problèmes, met de la distance. Dormir c'est pas mal aussi, au réveil c'est un peu différent
Rien ne vaur le temps qui passe… ET il passe le temps… Alors, tout va bien !
Merci pour cet exercice de style. Je m'y suis occupée avec plaisir, mais je trouve que la première question était la plus facile !