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Exercice de style : La Déconstruction

Contexte : j'ai été accueilli par Martine D. en juin 2019 après un court séjour en service de psychiatrie, dans sa maison de campagne, aux Pénitiaux. Aujourd'hui je m'offre l'accès à un nouveau niveau de lecture de cette histoire de planches de bois. Je remercie infiniment Martine pour son hospitalité et je lui souhaite tout le courage nécessaire pour luter contre le mal qui la ronge.


Les Pénitiaux, le 30 juin 2019

Faire et défaire, c'est toujours du travail pour ce qui n'en ont pas.

Ce matin j'attaquais à coup de massette et de ciseau à bois une palette, dans l'optique d'en tirer un maximum de planches en bon état et pour en faire quelque chose d'autre, peut-être un siège, une jardinière ou une table pour enfants.

Je connaissais déjà l'exercice pour l'avoir exécuté avec un succès tout relatif quelques semaines auparavant, alors je me suis lancé avec confiance dans cette entreprise de déconstruction qui, j'en étais sûr, allait m'apporter une grande satisfaction vu le marasme dans lequel je me trouvais à ce moment-là.

Après trois planches successivement déclouées et fier de moi, je procédais au massacre de mon ciseau à bois, éventuellement de certaines des planches de la pauvre palette qui n'avait pourtant rien demandé. Elle était très bien là où elle était entreposeé à côté de l'appenti depuis l'année dernière et même si sa fonction était pour le moment incertaine, elle avait le mérite d'avoir été utile un jour, dans une vie antérieure.

Quand je me suis rendu compte de la forme qu'avait pris le malheureux outil mal employé [1], c'était trop tard : j'avais tappé trop fort et sans réfléchir, si bien qu'il s'était logé entre les deux planches que je visais à découpler, de telle sorte qu'il m'a fallu cette fois bien réfléchir à la meilleure technique à employer pour réussir sans plus l'endomager à le libérer de cette condition inacceptable.

C'est un marteau arrache-clou qui m'a permis de me sortir de ce pétrin et aussi d'achever la déconstruction de cette palette qui n'est plus qu'un tas de planches.

J'en ai obtenu sept en bon état, les autres étant soit cassées soit toujours fixées à leur bloc de bois. je me suis dit que ça pourrait servir dans l'état, mais peut-être aussi que j'avais suffisamment travaillé pour le moment.

Après une heure de labeur j'étais satisfait comme prévu, mais aussi frustré par ce ciseau à bois bêtement abîmé, ces quelques planches cassées et toutes celles à qui on va devoir retirer ces vieux clous tous rouillés.

Au final la déconstruction c'est comme tout : il faut y aller étape par étape, sans trop se presser, et utiliser les bons outils si on veut du travail bien fait.

Notes

[1] un ciseau à bois sert à tailler le bois, pas à exercer une force continue entre deux morceaux accrochés par des clous