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Le syndrome de l'imposteur

J'ai effectué de nombreux petits boulots par le passé et j'ai toujours ressenti au fond de moi ce qu'on appelle le syndrome de l'imposteur. C'est une sensation que l'on peut vivre lorsqu'on se pose des questions existentielles, notamment sur la place que l'on souhaite occuper dans la société.

J'ai rejoint l'Equipe Ambulatoire de Réhabilitation Psychosociale (EARPS) du CHU de Brest depuis près de 6 mois. Depuis mon arrivée, beaucoup de choses ont changé et d'autres changements encore plus conséquents sont à venir. Par exemple, j'ai obtenu le droit à un aménagement de poste qui me permet de télétravailler l'après-midi jusqu'en début de soirée afin d'être plus efficace dans mon travail. Ma prise de traitement étant assez lourde le midi, c'était plus simple de décaler mon temps de travail plutôt que de changer ma prise de traitement, dont l'équilibre ne tient qu'à un fil. Un autre changement majeur est que ma supérieure hiérarchique est absente depuis plusieurs semaines, je n'ai donc plus personne à qui rendre des comptes et livrer mes rapports d'activité. La cadre nommée pour la remplacer s'est pour le moment contentée de valider mes demandes de congés. Peut être que je devrais la solliciter davantage ?

On commence ici à entrevoir le sujet principal de cet article : comment lutter contre le syndrome de l'imposteur dans un cadre en perpétuelle mutation où les résultats ne sont pas sanctionnés par des comptes de performance chiffrés mais plutôt par le bien-être d'une équipe soignante en charge d'une file active de personne suivies sur une échelle de 10 usagers/membre de l'équipe ?

Définitions

D'après Wikipédia :

Les personnes atteintes du syndrome de l'imposteur, appelé aussi phénomène de l'imposteurexpérience de l'imposture, expriment une forme de doute maladif qui consiste essentiellement à nier la propriété de tout accomplissement personnel. Ces personnes rejettent donc plus ou moins systématiquement le mérite lié à leur travail et attribuent le succès de leurs entreprises à des éléments qui leur sont extérieurs (la chance, leurs relations, des circonstances particulières). Dans certains cas, la personne atteinte peut aller jusqu'à se percevoir comme une sorte de dupeur-né qui abuse ses collègues, ses amis, ses supérieurs et s'attendre à être démasquée d'un jour à l'autre. S'il est fréquent chez les personnes connaissant une ascension sociale mais qui ont été ou demeurent victimes de mépris de classe, d'autres causes peuvent également engendrer sa survenue.

En d'autres termes, les personnes atteintes du syndrome de l'imposteur vont avoir toujours tendance à minimiser l'importance de leur rôle dans l'accomplissement d'une tâche donnée, et à imaginer qu'elles ne méritent pas la position qu'elles occupent.

Le travail en équipe

J'ai déjà eu à travailler en équipe à plusieurs reprises au cours de ma carrière professionnelle décousue mais généralement dans des disciplines où un seul métier était à l'œuvre en dehors du management. L'EARPS est au contraire une équipe pluridisciplinaire qui compte 6 Infirmières Diplômées d'Etat dont 1 Cadre, plus 1 Assistante Sociale, 1 Ergothérapeute, 1 Neuropsychologue, 1 Psychiatre et dernièrement 1 Pair-Aidant en Santé Mentale.

De mon premier entretien de premier contact à ma première relecture du Plan de Suivi Individualisé (PSI) en binômes, jusqu'à mon premier entretien en face à face ou au téléphone avec un usager et ma première transmission, il n'y pas une seule fois où j'ai réussi à me dire : OK, ça c'est du beau travail. Pourtant mes collègues sont adorables et toujours présent.e.s pour me rassurer, m'encourager, me conseiller de m'écouter et de prendre soi de moi. Rien n'y fait, je trouve toujours un détail qui me fait dire que j'aurais dû faire différemment.

La peur du vide

J'ai dernièrement observé que mes crises d'angoisses surviennent lors d'événements nouveaux ou inédits, en cas de fatigue, ou d'inactivité. J'ai appelé cette dernière forme de crise d'angoisse la crise de vide. J'ai toujours foison d'activités à faire pour m'occuper mais quand la crise de vide arrive, rien n'est plus possible. Je suis presque entièrement mobilisé, ma voix s'éteint et je suis bloqué. Physiquement, je fais les 100 pas, psychiquement, je fais le tour du bocal. Rien de bon n'arrivera tant que cette crise de vide ne passera pas. Bien sûr, il y a des stratégies à mettre en oeuvre : sortir dehors pour marcher, aller au bar pour boire un café, écouter A Matter of Scale, pour dé–dramatiser ou alors appeler un proche à qui je n'ai pas parlé depuis x temps pour entretenir mes relations sociales.

C'est à mes sens une des pires forme d'angoisse possible car elle survient de manière pseudo-aléatoire et qu'il est compliqué de lutter contre elle, vu qu'elle empêche par nature mon "fonctionnement normal ".

Le vertige de la littérature

En pleine crise de vide, rien de tel pour empirer la situation que de scroller sur le groupe de discussion de la Licence où j'étudie cette année ou de me rendre sur le fil d'actualités de Linkedin. On y rencontre toutes sortes de contenus, plus ou moins intéressants et pertinents, souvent créés à l'aide d'intelligences artificielles pour aller plus vite mais qui n'apporte réellement qu'à l'influence de leur créateur sur ledit réseau professionnel. Comment traiter le signal parmi tout ce bruit ? Votre mission si vous l'acceptez est de :

  • ne pas consacrer plus d'une heure par semaine à vos réseaux sociaux,
  • partager uniquement le contenu des personnes qui comptent pour vous
  • produire du contenu de qualité.

Il y a tellement de choses intéressantes là-dehors, tellement que je n'ai pas encore réussi à trouver la bonne recette pour ne consacrer du temps qu'aux choses les plus pertinentes pour mon recyclage professionnel. La Pair-Aidance étant un métier popularisé dans les années 2010, en pleine transition numérique, les acteurs les plus populaires et suivis sont ceux qui ont réussi les premiers à maîtriser les outils de communication de leur époque : infographies, vidéos, podcasts, microblogs, etc.

A vouloir vivre avec son temps, on meurt avec son époque. – Stendhal

Comme le disait si bien Stendhal, qui vit avec son temps meurt avec son époque. Je ne sais pas ce qu'il restera de tous nos posts sur Linkedin, Facebook, Instagram, X (ex–Twitter), etc. mais vu comment les choses sont en train de tourner, tout ça va finir par nourrir des modèles d'intelligences artificielles qui apprendront de mieux en mieux à imiter ce qui précède et il faudra à l'avenir user d'une belle dose d'imagination et de créativité pour ébaucher des contenus et des travaux réellement innovants.

Pour ma part, je crois en l'ouverture des réseaux et c'est pourquoi j'ai choisi Ghost pour héberger mon blog et me fournir les outils nécessaires à la publication de ma newsletter par email et bientôt ActivityPub. Le courrier électronique a pris forme en 1965 en tant que moyen de communication entre utilisateurs d'ordinateurs partagés, et à priori il est là pour durer encore quelques décennies, contrairement aux Géants aux Pieds d'Argile que sont les mastodontes du Web.

En Bref

La rédaction de cet article aura accaparé 3h de mon temps, soit toute mon après-midi de travail moins deux coups de téléphone. 3h de travail pour un résultat qui prendra moins de 5 min à lire pour toute personne suffisamment intéressée par la Pair-Aidance et mon travail en général. Et alors ? Je pense qu'il faut laisser le temps au temps, et ne pas confondre vitesse et précipitation.

Le temps que j'ai passé à la rédaction de cet article sera valorisé par les échanges que j'aurais avec vous, simples visiteurs ou fervents membres de la communauté Heureux et Perché ! N'hésitez pas à me joindre par email à l'adresse suivante : mate@e.email, pour échanger autour de la Pair-Aidance, demander un suivi à l'EARPS ou juste pour dire bonjour.

Merci pour votre attention si vous me lisez jusqu'ici, et bonne journée 🌞