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Le syndrome du survivant

Le syndrome du survivant englobe les sentiments de culpabilité que ressent une personne qui se reproche d'être en vie alors qu'une autre personne a péri. Il est difficile de se sentir heureux d'être en vie sachant que d'autres n'ont pas connu le même sort.

Aujourd'hui, nous allons parler du syndrome du survivant. J'entend les critiques au fond : "il nous fait chier lui avec ses syndromes à la con, il n'a vraiment rien d'autre a foutre de ses journées". Ok boomers.

C'est honnêtement la première fois que j'essaie d'écrire sur ce qui s'est passé pour moi la nuit du 13 Novembre 2015, alors que l'Airbnb Open battait son plein et que je squattais un des logements dont je m'occupais à l'époque de la gestion locative, au 34 ou 44 rue de la Folie Méricourt, dans le 11è arrondissement de Paris. La mémoire me fait défaut parce que bien qu'étant à deux rues du Bataclan, je me suis rendu compte assez tard que la France vivait une scène de guerre sur son propre sol.

Je n'ai jamais suivi de thérapie pour soigner un quelconque Trouble de stress post-traumatique, encore moins pour une éventuelle Culpabilité du survivant. J'imagine qu'il n'est jamais trop tard pour m'en occuper et que je suis maintenant suffisamment armé pour m'attaquer à ce que j'ai vécu ce soir là.

Définitions

D'après Wikipédia :

La culpabilité du survivant, ou syndrome du survivant, ou encore syndrome de culpabilité du survivant, est un syndrome douloureusement ressenti par les personnes qui ont survécu à un accident ou à un massacre alors que d'autres sont morts.

Toujours d'après l'encyclopédie libre :

Le trouble de stress post-traumatique est une réaction bio-neuro-physiologique consécutive à une situation durant laquelle l'intégrité physique ou psychologique du patient, ou celle de son entourage, a été menacée ou effectivement atteinte (notamment en cas de torture, viol, accident grave, mort violente, maltraitance, négligence de soins de la petite enfance, manipulation, agression, maladie grave, naissance, guerre, attentat, accouchement). Les capacités d'adaptation (comment faire face) du sujet sont débordées. La réaction immédiate à l'événement aura été traduite par une peur intense (effroi), par un sentiment d'impuissance ou par un sentiment d'horreur.

Dans un premier temps on peut remarquer que ces deux phénomènes peuvent avoir lieu dans des conditions relativement similaire. Dans mon cas personnel, je dirais que le trouble de stress post-traumatique a eu pour conséquence le syndrome du survivant.

Rappels des faits

Si ma mémoire est bonne, j'ai d'abord appris par téléphone qu'un attentat était en cours dans le 11è arrondissement par une cousine qui voulait s'assurer que j'étais sain et sauf. J'ai ensuite allumé la TV pour en savoir plus et j'ai en fin ouvert Twitter pour poster le hashtag #OpenDoor ou quelque chose comme ça avec l'adresse de l'appartement avant de faire machine arrière et supprimant le tweet de peur que les terroristes s'attaque aussi à nous. Tout ce dont je me rappelle ensuite, c'est d'entendre des voisins terrorisés parler dans l'immeuble et une voiture passer en trombe, possiblement celle des terroristes. J'ai finalement et sans savoir comment réussi à trouver le sommeil, avant de me réveiller dans un Paris encore endormi mais aussi et surtout meurtri. Je ne me rappelle de n'avoir croisé que très peu de gens dans le quartier, comme si la majorité avait décidé de ne pas sortir de chez eux.

Analyse du contexte

Avec quelques heures de recul, j'ai demandé à mon pote Quentin s'il pouvait m'héberger une nuit ou deux le temps que je prenne conscience de ce qu'il venait de se passer. J'ai ensuite décidé que ma place à ce moment là était auprès de ma famille.

Après quelques semaines, en essayant d'éviter le cirque médiatique, j'ai commencé à me demander pourquoi les terroristes avaient choisi le Stade de France et le Bataclan pour commettre leur attaque, plutôt que La Villette, ou 5 000 participants du monde entier s'étaient réunis pour le weekend à l'occasion de l'Airbnb Open. Quoi de mieux comme cible d'une telle attaque que cette Grand-messe du capitalisme nous venant d'Outre-Atlantique ?

Presque 10 ans plus tard, je n'ai encore pas trouvé de réponse satisfaisante et je me considère encore comme un survivant qui a navigué sous les houles du complotisme et de la sidération.

De cette époque je me rappelle quand même avoir rencontré des gens formidable qui me font penser que malgré tout, la vie telle qu'elle est mérite d'être vécue. Malgré ces anomalies du système qui laisse encore passer entre les mailles du filet de sécurité qu'ils ont tendance à vouloir toujours resserrer encore plus qu'il ne l'est déjà, il faut continuer d'essayer vivre la vie qu'on veut mener.

Il faut se dire que c'est pas nous les méchants, et qu'à la fin du jeu c'est les gentils qui gagnent la partie !