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Paroles de soignants : Cyril Chantre, Interne en Psychiatrie

Peux-tu nous dire ce qui t’a conduit à exercer le métier de Psychiatre ?

Durant mes études de médecine j’ai été attiré par différentes spécialités dont la neurologie, la médecine générale et la psychiatrie.

Après être passé en stage dans ces différentes spécialités mon choix s’est porté sur la psychiatrie à la suite d’un stage dans un service où le psychiatre sénior était passionné et passionnant. Il s’intéressait notamment aux pathologies somatiques ayant une expression psychiatrique, parfois non détectées (par exemple des cas d’hyperhomocystéinémie).  J’ai beaucoup aimé son approche de la psychiatrie, ses capacités d'écoute et d'analyse de la situation des patients.

Par ailleurs la médecine a tendance à être prise dans la temporalité de l’urgence : un problème, une consultation, une solution. En psychiatrie, dans la mesure du possible et parce qu’elle le nécessite, nous sommes dans une temporalité plus longue en termes d’observation, d’écoute, de réflexion.

A quels problèmes fais-tu face au quotidien ?

Une des problématiques auxquelles nous sommes exposés en psychiatrie ce sont les soins sous contrainte. Ce n’est jamais une situation agréable en tant que soignant de limiter la liberté de quelqu’un, même lorsqu’on sait que c’est une décision de protection pour le patient en état de décompensation telle qui le met en danger sans pouvoir en avoir conscience et donc sans pouvoir adhérer aux soins sur le moment.

Le manque de moyens, surtout humains, fait aussi partie des difficultés du quotidien.

Quels sont les principes éthiques qui guident ta pratique ?

On ne traite pas une pathologie, mais on soigne un patient. C’est un concept général de la médecine, non spécifique à la psychiatrie. Je crois qu’il prend encore davantage de place dans notre spécialité. On a d’abord une personne devant soi, qui nous livre un parcours, un moment de sa vie, parfois de son intimité et qui souvent a recours à nous dans une situation de vulnérabilité. Il faut prendre en compte cette personne que l’on a devant soi, avec ses vulnérabilités, mais aussi avec ses capacités, ses envies, ses projets. 

Comment vois-tu l'avenir dans la santé mentale ?

 Je pense que la psychiatrie manque de moyens humains et financiers. Pourtant il y a un fort besoin de la population. Je ne crois pas à un coup de baquette magique qui permettrait de multiplier les embauches de personnel, d’adapter rapidement les structures déjà en place ou d’en créer de nouvelles dans des délais adaptés aux besoins en soins.

En revanche je crois que la psychiatrie bénéficie des avancées technologiques générales de notre époque, que ce soit sur le plan de la recherche, de la pratique clinique et de la prise en charge des patients. Les outils numériques, l’intelligence artificielle sont des moyens d’augmenter les capacités de traitement et le volume des données dans la recherche, d’affiner les décisions cliniques. Je pense que l’enjeu à moyen terme est d’intégrer davantage ces nouveaux outils à notre pratique à différents niveaux : recherche ; pratique clinique ; mais également dans relation soignant-patient.

J’y vois la possibilité d’une psychiatrie basée sur des prise en charge de plus en plus personnalisées.

Est-ce que tu as une anecdote amusante à partager ou une expérience particulièrement gratifiante vécue récemment ?

Les remerciements de patients lors des dernières consultations avant un changement de terrain stage. 

Quels conseils donnerais-tu aux étudiant.e.s intéressé.e.s pour exercer cette profession ?

C’est une spécialité de la médecine qui est très transversale, donc de rester curieux de différents domaines !

Il y a de nombreuses manières d’exercer la psychiatrie en fonction de vous et de vos affinités. C’est une richesse.


Merci pour ta participation Cyril, porte toi bien !