Rendez-vous par email : Godefroi

Salut Godefroi, j'espère que tu vas bien. Dans un premier temps, peux-tu nous dire ce qui t'as conduit à exercer le métier de Pair-Aidant ?

Lors de mes nombreuses hospitalisations pendant ma jeunesse, je prenais souvent le rôle de soutient, je me suis rendu compte que les gens se confiaient facilement à moi. J'utilisais l'humour et la dérision pour remonter le moral. Mes problèmes d'addiction m'ont amené à côtoyer les Alcooliques Anonymes, c'est là que j'ai compris la force du groupe et de tendre à aider son prochain.

Quels problèmes fais-tu face au quotidien ?

Pour ma part je me bat contre l'intensité des mes émotions. Tout peut devenir extrême, la joie comme la tristesse. Je travaille dessus, je progresse et j'ai surtout appris à être plus indulgent avec moi-même.

Quels sont les principes éthiques qui guident ta pratique ?

Je pense que le non-jugement est l'essence de mon éthique. Je recherche à être le plus transversal possible et je garde toujours une attitude positive même quand le contexte est difficile.

Comment vois-tu l'avenir dans le domaine de la santé mentale ?

J'ai l'impression que le système de soins est à bout de souffle, d'une manière globale, les moyens se réduisent. Notre profession s'inscrit dans ce changement, je vois cela plus comme une opportunité que comme une menace. L'adaptation est une des qualités des pair aidant.

Comment se passe la collaboration avec les autres professionnels au sein de ton équipe ?

Je suis dans une situation particulière car j'ai été usager du centre de réhabilitation ou je travaille maintenant. J'ai côtoyé l'équipe avant de l'intégrer. Notre relation est très saine et je dirais que des liens qui avait été tissé ont évolués, c'est une relation de confiance réciproque.

Est-ce que tu as une anecdote amusante à partager ou une expérience particulièrement gratifiante que tu as vécu récemment ?

J'animais un programme sur le rétablissent avec une personne voulant devenir pair aidant (une première au centre). Pendant une pause, une participante vient me voir pour m'annoncer qu'elle ne participerait plus au groupe. Je me suis inquiété et je lui demandé si tout allait bien: elle m'a répondu qu'elle avait postulé et obtenu un emploi, qu'elle avait passé deux et demi sans emploi. Elle a réalisé pendant le groupe qu'elle pouvait se faire confiance et qu'elle était maître de son destin. J'ai été traversé par tellement d'émotions positive, c'est cela qui donne du sens à ce que je fait au quotidien.

Quel(s) conseil(s) donnerais-tu aux personnes intéressées le métier de Pair-Aidant ?

Quand je rencontre des personnes qui souhaiteraient se lancer dans la Pair-Aidance, je leurs signale qu'il faut être vigilant à trouver le juste milieu entre l'empathie et la compassion. Pour aider les autres, il faut déjà pouvoir s'aider soi-même. Il me semble important d'avoir déjà parcouru un cheminement dans son propre rétablissement.

Je pense que cette expérience professionnelle doit servir l'autre même s'il enrichit son propre parcours. Je pense que ma pratique est devenue une philosophie, je laisse les personnes m'accepter sur leur parcours qui participe au mien, tout en ayant conscience que nos chemins sont différents et unique à la fois.

Merci pour ce témoignage Godefroi ! A bientôt sur les bancs de la fac !