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Rendez-vous par email : Bernard

J'ai rencontré Bernard au GEM (Groupe d'Entraide Mutuelle) de Morlaix. C'est l'une des personnes qui m'a accueilli le plus chaleureusement et depuis nous nous sommes liés d'amitié et gardons le contact régulièrement par téléphone.

Salut Bernard, j'espère que tu vas bien. Peux-tu nous dire ce qui t’a conduit au GEM de Morlaix ?

Je suis en suivi médical depuis 1977/78 pour des troubles psychiques. Plutôt que de mettre les patients dans des cases, les soignants préfèrent parler de troubles psychiques que de types de maladie, bien que moi j'ai des troubles bipolaires, mais j'ai vécu des moments de schizophrénie, de dépression ordinaire ou profonde et des addictions.

La chance que j'ai c'est d'avoir été soigné dans le même secteur de psychiatrie au  Centre Hospitalier de Morlaix par les mêmes psychiatres, au nombre de deux pendant près de 40 ans.

L'ouverture du GEM de Morlaix se fera en 2006. A l'époque j'étais en
difficulté, pour tout dire à nouveau non stabilisé, en gros depuis l'an 2000 avec arrêt du lithium et une forte consommation de bière.

Les hospitalisations avaient repris avec un suivi renforcé comme dans les débuts, dans les  années 80. La nouvelle loi sur le handicap de février 2006 ouvre la perspective des GEM. A l'époque je ne fréquentais pas de structures de jour de l'Hôpital, seulement des hospitalisations complètes puis des retours à domicile que je partageais avec ma Maman. La fréquentation du GEM sera donc la bienvenue, bien que se soit un lieu de sociabilité et non médical. Je participe à la vie du GEM, au bureau, mais de façon restreinte. Mes humeurs psychiques me contraignent à garder des distances. Pourtant mes fréquentations du GEM me permettront d'évoluer car dès la fin 2006 j'occuperais un appartement social adapté et des droits que j'ai obtenus grâce au GEM et à l'UNAFAM qui en était membre fondateur.


A quoi ressemblent tes journées en général ?

Je vais sur mes 68 ans. Si un handicap psychique ne m'était pas reconnu depuis 47 ans, je dirais que j'ai une vie oisive. Pourtant je relativise tout ça. Je n'ai pas accès à une carrière professionnelle, mais je suis des activités dans le tissus associatif comme le GEM depuis des années et autres actions qui m'ouvrent l'esprit sur bien
des sujets autres !

En dehors du temps consacré à des activités, je passe beaucoup de temps chez moi et la réflexion d'un de mes deux psychiatres était de dire que mon état de santé me permette au moins d'être témoin de mon temps. Le second médecin d'ajouter que je pourrais aussi en être acteur.

Je ne souffre pas de solitude, le fait d'être seul chez moi est ma marque de liberté. Je peux ainsi m'isoler en pratiquant l'alitement, en restant couché, ce qui ne signifie pas forcément une dégradation de ma santé mentale mais un simple repli calculé sur moi-même, un repos donc.

Mes journées sont faites de rendez-vous liés à mes activités et à de longues réflexions et de suivi de l'actualité avec des phases de repos plus ou moins fréquentes.


Merci Bernard d'avoir pris le temps de répondre à ces quelques questions ! On se revoit bientôt sur Brest autour d'un café ? D'ici là porte toi bien !