Rendez-vous par email : Fanny
J'ai rencontré Fanny à Brest à l'occasion de notre stage de pré-orientation à LADAPT. Fanny a 33 ans et vit aujourd'hui dans le Lot avec son chien Zéphyr.
Q : Salut Fanny, j'espère que tu vas bien. Pour commencer, qu’est-ce qui t’as conduit à LADAPT ?
R : Après l'annonce de mon handicap, j'ai fait une demande de Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé (RQTH) et de pré-orientation professionnelle à la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH). C'est donc cet organisme qui m'a dirigé vers LADAPT, j'avais le choix entre Brest ou Quimper mais Brest était plus pratique pour moi.
Q : En général, à quoi ressemblent tes journées ?
R : En ce moment je ne travaille pas, je suis toujours en démarches administratives avec la MDPH et Cap Emploi. J'ai parfois des RDV ou coups de téléphone à passer.
J'ai la chance d'avoir mon chien qui me motive et m'oblige à sortir plusieurs fois par jour et à garder un rythme.
Ca fait deux ans maintenant que je suis inactive, et que ma dépression a commencé.
Je me lève entre 9 et 11h en fonction de l'heure à laquelle je me couche (procrastination du sommeil), je prends le temps de boire un café puis je vais me balader avec mon chien.
Ensuite tout dépend de mon état du jour ! En rentrant je me pose un peu avec un autre café, soit je geeke, soit je fais du yoga. Je fais souvent des siestes. Parfois je rends visite à ma famille, ce qui me fait du bien.
Les repas c'est un peu le bazar, j'ai du mal à me faire à manger et à manger correctement. Quand je ne sais pas quoi faire je regarde des séries en fumant du CBD et en cogitant plus ou moins.
Je me couche entre 23h et 2h selon le moment ou j'arrive à prendre la décision d'aller au lit.
Q : Avec quels outils tu travailles pour t'aider sur la voie du rétablissement ?
R : Le CMP, de la kinésithérapie psychocorporelle, je tiens aussi un journal ou je note mes états physique et psychiques et les activités de la journée (parfois on à l'impression de n'avoir rien fait alors que ça n'est pas le cas!)
Le yoga me fait aussi du bien. Si j'angoisse j'essaie de faire de la sophrologie, ou du stretching.
Dans mon journal j'ai aussi commencé à retracer mes traumatismes depuis l'enfance ce qui me libère un peu.
J'ai enfin postulé à une offre d'emploi. Il faut laisser faire le temps, mais le temps est long.
Q : Qu’est-ce qui a particulièrement attiré ton attention récemment ?
R : Le suicide d'un proche. 19 ans. Cela me fait me remettre en questions sur les pensées que j'ai pu avoir. Et la peine que cela peut engendrer. Ça me fait prendre du recul sur ma situation
Q : De quoi es-tu la plus fière ?
R : D'avoir su dire quand j'allais mal, me faire hospitaliser quand j'en avais besoin.
D'atteindre petit à petit mes objectifs. Aujourd'hui j'ai enfin mon propre appartement et c'était une étape très importante pour moi dans le retour à mon autonomie.
Q : À quels problèmes tu fais face au quotidien ?
R : La fatigue, les douleurs, mon anxiété, ma dépression, mon cerveau en ébullition, l'attente que cela bouge enfin dans ma vie, la solitude que je m'imagine (car je suis très bien entourée), la flemme, la perte de goût de faire certaines choses.
Q : Qu’est-ce que tu fais quand tout va mal ?
R : Les médicaments sont l'alternative facile. Il m'arrive encore de me scarifier parfois. J'essaie de lutter mais ça n'est pas tous les jours facile.
J'essaie d'appeler des amis ou d'aller voir ma famille. Ne pas rester seule, savoir demander de l'aide quand on est dans le besoin est très important.
Merci de t'être dévoilée à ce point Fanny, ton témoignage m'a emplit de courage et m'a donné de la force pour la suite de mes aventures !
Au plaisir de se croiser bientôt dans ton Sud ou en Bretagne 🤗