Rendez-vous par email : Mélanie, usagère au GEM Ehanva de Brest

Bonjour Mélanie, j'espère que vous allez bien. Dans un premier temps, pourriez-vous nous dire ce qui vous a conduit au GEM ?

Je recherchais un lieu pour pouvoir échanger sur le syndrome d’Asperger avec d’autres Aspies ; je cherchais des gens avec qui parler de mes problèmes comme avec des pairs, et non comme avec des soignants qui me considèreraient comme une personne à traiter ou à soigner (cela dit, je salue le travail des différents soignants qui m’ont suivie et traitée).

Je venais d’être – enfin – diagnostiquée autiste et j’étais en plein sevrage de neuroleptiques (note pour moi-même : ne plus jamais arrêter brutalement les neuroleptiques. La première fois c’est passé, mais à la seconde j’ai fait quatre mois de crise psychique continue). J’ai donc débarqué au GEM en 2021, en pleine crise psychique et en plein après-midi – je précise que j’avais quand même déjà pris contact avec le GEM au cours de l’été via l’association Asperansa.

J’ai été très bien accueillie. Au début, j’essayais de venir régulièrement aux activités du samedi, puis j’ai fini par m’éloigner un peu, simplement par manque de temps. À présent, je viens pour les grands évènements et pour le groupe des femmes autistes. J’avoue que je suis toujours très contente d’aller au GEM.

En général, à quoi ressemblent vos journées ?

Je suis travailleur indépendant, ce qui signifie que je gère ma propre entreprise (oui, je suis donc chef d’entreprise). Contrairement à ce que l’on pourrait croire, un travailleur indépendant n’est pas une personne uniquement concentrée sur son métier ; au contraire ! Il faut répondre aux clients, faire la facturation, la comptabilité, les démarches administratives (et il y en a), sans oublier de toujours veiller à garder le cap et à ne pas avoir trop la tête dans le guidon – si je me plante, l’entreprise coule et je perds tous mes revenus. Un entrepreneur, c’est comme un couteau suisse ou une divinité indienne à plusieurs bras, mais toujours sur la brèche…

Du coup, mes journées sont très occupées, et surtout pleines d’imprévus (aargh !). J’ai coutume de dire que j’ai deux occupations à temps plein : l’entreprise et les troubles psychiques et cognitifs liés au syndrome d’Asperger. Pas facile de gérer une entreprise en ayant de gros problèmes de priorisation et d’organisation… Mais j’apprends peu à peu des outils simples et efficaces pour m’en sortir, comme détailler toutes mes tâches de manière fine et les catégoriser – ça m’aide vraiment beaucoup

Qu’est-ce qui a particulièrement attiré votre attention dernièrement ?

Rien de spécial, je vis dans mon monde.

De quoi êtes-vous la plus fière ces derniers temps ?

D’avoir enfin réussi à m’organiser et à faire avancer des projets qui étaient bloqués depuis des années : j’ai réussi à les boucler quasiment tous en seulement six mois !

À quels problèmes faites-vous face au quotidien lorsque vous êtes seule chez vous ?

Cf. supra : j’ai l’impression de devoir escalader deux Everest à la fois, c’est-à-dire gérer mon entreprise et gérer mes troubles psychiques et cognitifs en même temps

Qu’est-ce que vous faites quand tout va mal autour de vous ?

Je me replie dans ma bulle en attendant que ça passe. De manière générale, je n’écoute jamais ni ne lis les informations, car sinon cela me donne des angoisses ingérables. Je me concentre sur ce que j’ai à faire et tâche d’essayer de le faire du mieux que je peux – c’est déjà ça !

Merci pour votre contribution Mélanie, et bon courage pour votre entreprise !